Dans le cadre du confinement, il a été demandé d’avoir un soin particulier pour la lecture. Je vous propose donc un article d’Eliane Assassi (sénatrice de Seine-Saint-Denis et présidente du groupe CRCE).
Bonne lecture,
Nous soutenons le personnel hospitalier, du chef de service à l’aide-soignante et au personnel chargé du nettoyage : ils sont debout, avec des moyens si faibles face à l’ampleur du mal qui s’abat. Nous saluons leur courage, leur dévouement, leur prise de risque ter-rible. De même, nous saluons tous les salariés, artisans et agriculteurs qui continuent à faire vivre le pays, souvent sans protection et sous la menace d’une remise en cause programmée de leurs droits. Nous saluons les fonctionnaires, notamment pompiers et policiers, qui travaillent sans relâche à garantir la sécurité du pays. Pourquoi une telle dérogation démocratique pour l’état d’urgence sanitaire, beaucoup plus importante que pour l’état d’urgence classique? Nous ne comprenons pas. Associer le Parlement et les forces politiques au com-bat contre la maladie devrait être considéré non comme un handicap, mais comme un atout!C’est pourquoi nous avons proposé la mise en place d’un comité de suivi national et pluraliste. Si nous sommes tous unis dans la lutte contre le Covid-19, toutes les opinions doivent être entendues pour agir au mieux, rassembler et se faire comprendre. Prévoir par dérogation que, pour la crise en cours, l’accord du Parlement sur les mesures prises ne sera pas nécessaire pendant une période de deux mois, contre douze jours lors des précédents états d’urgence, n’est pas acceptable. Nous refusons de confier les pleins pouvoirs au Gouvernement pendant deux mois dans de telles conditions! Dans cette lutte, la démocratie est la grande oubliée – elle qui, dans ces moments difficiles, devrait au contraire être constamment convoquée. Nos craintes sur les mesures sociales du projet de loi sont, elles aussi, confirmées – nous ne sommes plus dans l’état d’urgence sur ce point. En effet, même si l’article 7 du projet de loi permet des accords d’entreprise ou de branche, il prévoit encore des dérogations profondes au droit du travail, qui pourront, s’étendre sur des années, voire devenir permanentes. Temps de travail, congés payés, travail le dimanche : dans tous les secteurs, ce sont encore une fois les salariés que vous voulez mettre à contribution pour sauver les trésoreries des entreprises, certainement pas les actionnaires! Votre refus de rétablir l’ISF dans le projet de loi de finances rectificative est à ce titre symbolique. Aujourd’hui, c’est la vie des familles, du monde du travail qu’il faut protéger. Le confinement – c’est une évidence – doit être respecté, sans écart; mais nous désapprouvons les sanctions disproportionnées votées dans la précipitation à l’Assemblée nationale.Au moment même où le gouvernement italien annonce l’arrêt de toute activité de production non essentielle, Mme Pénicaud se félicite de pouvoir contraindre les salariés du BTP à reprendre le travail, tandis que M. Le Maire pousse dans le même sens en agitant l’idée d’une prime de 1000 euros. Non! Il faut stopper l’activité là où c’est possible, en maintenant le revenu de tous durant cette période. Surtout, où est l’urgence sanitaire? Ce texte ne peut être dissocié du projet de loi de finances rectificative. Où sont les moyens pour l’hôpital? Où est l’effort déterminant pour la mise à disposition de matériels? L’inquiétude sur le manque de masques, de médicaments et de tests pour la population et même pour les personnels de santé devient criante : le Gouvernement entend-il vraiment leur désespoir? Où sont les réquisitions d’entreprises pour la sauvegarde nationale? L’heure est à l’action et à la mobilisation générale pour la protection de tous. Avec détermination, nous serons de ce combat. Le débat sur les causes profondes de cette situation de catastrophe dans un pays aussi riche que la France aura lieu. Une chose est certaine:la solidarité et la santé devront faire partie de nos priorités au cœur de la reconstruction à venir.